2.2. Les concepts du logiciel libre

Une fois les d�finitions �tablies, il est important de s'attarder sur les id�es v�hicul�es par le mouvement du logiciel libre. De m�me qu'il est important d'�vacuer un certain nombre d'id�es fausses colport�es sur ces logiciels. Cette section donne ensuite un argumentaire vari� en faveur de l'introduction des logiciels libres et conclut sur des probl�mes r�els restant � surmonter.

2.2.1. La philosophie du logiciel libre

En fait la philosophie v�hicul�e par le mouvement du logiciel libre n'est gu�re diff�rente de celle propos�e par tout le mouvement scientifique depuis de nombreuses ann�es : la mise en commun des id�es et du savoir collectif pour permettre la progression de la recherche et l'augmentation de ce savoir. La connaissance du g�nome humain est l'un de ces exemples de travail collaboratif.

Le milieu informatique, et particuli�rement celui du logiciel, semble s'�tre d�tourn� depuis pr�s de 20 ans de ces pr�ceptes de base du monde scientifique. Il privil�gie au contraire la captation du client au d�triment de la fourniture des informations qui lui permettraient d'exploiter au mieux son environnement informatique. C'est du reste � la suite d'un tel probl�me, au d�but des ann�es 80, que Richard Stallman, alors chercheur en intelligence artificielle au MIT, a d�cid� de fonder le projet GNU. Ce projet est le fondement du mouvement du logiciel libre actuel.

Les id�es principales soutenues par ce mouvement et �nonc�es par Richard Stallman lui-m�me sont :

Au del� de l'aspect utopique de ces id�es se trouvent d'autres raisons qui ont permis aux logiciels libres de se r�pandre si largement aujourd'hui. Elles sont d�taill�es dans Section 2.2.2.

Le mouvement du logiciel libre se concr�tise aussi au travers d'une communaut� de personnes. R�union informelle de personnalit�s, cette communaut� est h�t�rog�ne dans sa composition, ses actions, ses id�es, m�me si tous partagent la m�me croyance dans la libert� du logiciel. Cette communaut� s'est forg� les outils n�cessaires � sa communication que sont l'Internet et Usenet. Et ces outils de communications utilisent bien �videmment force logiciels libres pour fonctionner. Parmi les personnages marquants du mouvement, on peut citer :

Toutes ces personnalit�s sont avant tout d'excellents informaticiens, ce qui leur permet d'�tre reconnus comme des acteurs majeurs du mouvement du logiciel libre. Leurs qualit�s humaines et communicatives sont �galement des caract�ristiques fortes de leur temp�rament. En aucun cas, ils ne sont consid�r�s pour leur pouvoir, mais au contraire pour leur savoir.

Bien �videmment, la communaut� du logiciel libre est constitu�e de milliers de programmeurs, dont il serait fastidieux d'�num�rer la liste. Tous ont en commun la volont� de produire une oeuvre utile, libre, et d'�tre reconnus pour leurs qualit�s techniques avant tout.

2.2.2. Le choix du logiciel libre

Utiliser des logiciels libres pour apporter des solutions informatiques rel�ve du choix. Tout d'abord, cela favorise la pluralit� de solutions, notamment dans un milieu micro-informatique � tendance monopolistique. Ensuite, le choix porte, car cela est finalement le plus essentiel, sur les qualit�s intrins�ques du logiciel libre, qui sont d�taill�es juste apr�s.

L'acc�s aux sources

Ce point est l'�l�ment primordial du choix, puisqu'il permet la compr�hension, l'adaptation, la correction, la diffusion, la fiabilisation du logiciel. De plus, cela contribue � diminuer �norm�ment la possibilit� de v�hiculer des virus.

La fiabilit�

Cette qualit� r�sulte de la pr�c�dente: le logiciel libre est le r�sultat cumul� de l'exp�rience et de l'intelligence de tous les intervenants. Sa fiabilit� augmente donc avec le temps, au fur et � mesure des corrections qui sont effectu�es. De plus aucune pression marketing n'oblige le producteur du logiciel � le livrer � ses clients avant qu'il ne soit dans un �tat jug� satisfaisant.

La portabilit�

Cette qualit� n'est pas propre au logiciel libre, mais est tr�s souvent pr�sente dans un logiciel libre. En effet, si ce logiciel conna�t du succ�s, il sera obligatoirement adapt� � d'autres environnements que ceux initialement pr�vus. Ainsi, en augmentant sa disponibilit�, on am�liore sa portabilit� et sa fiabilit� �galement. Linux fonctionne aujourd'hui sur un Jornada HP ou une montre IBM, aussi bien que sur un s390 ou un SuperDome.

L'universalit�

Une qualit� essentielle des logiciels libres est le caract�re par nature universel des formats de donn�es utilis�s. M�me s'ils ne suivent pas les standards, la disponibilit� du code source assure � l'utilisateur la compr�hension de ceux-ci, et surtout la possibilit� d'�crire tout filtre n�cessaire � leur r�cup�ration, ou leur �change avec d'autres logiciels. Ceci permet �galement aux utilisateurs de stabiliser leur environnement puisqu'ils ne sont plus oblig�s de migrer en cas d'incompatibilit� de formats de donn�es dans leurs applicatifs. N'oubliez pas que vos donn�es sont pr�cieuses et qu'il vaut mieux les confier � un format *ML (HTML, XML, SGML, ...) plut�t que propri�taire.

La performance

R�sultant de nombreux examens, de l'utilisation d'algorithmes issus des travaux de recherche les plus avanc�s, aussi bien qu'�prouv�s par de nombreux modes d'utilisation, les logiciels libres sont performants par nature. Souvent des r��critures importantes de codes sont effectu�es pour permettre la r�utilisation d'id�es avec un code meilleur et donc augmenter la performance. De nombreux tests effectu�s par divers organismes tendent � le prouver �galement

Tableau 2-1. Les performances des logiciels libres

SujetURL
Serveur Web Apache face � ses concurrentshttp://www5.zdnet.com/products/content/pcmg/1709/305867.html
Serveur SMB SaMBa face � Windows NThttp://www.zdnet.com/sr/stories/news/0,4538,2196106,00.html

De plus, encore une fois, rien n'oblige � d�livrer une application dont les performances seraient d�plorables.

L'interop�rabilit�

L'interop�rability est une r�alit� de l'entreprise d'ajourd'hui. Historiquement, le milieu Unix a toujours �t� un ferment d'interop�rabilit� avec les autres syst�mes (grands ou moyens syst�mes, aussi bien que micro-informatique). La prise en charge au sein de Linux, par exemple, de nombreux protocoles r�seaux, de nombreux formats de syst�mes de fichiers, voire de modes de compatibilit� binaire garantit cette bonne interop�rabilit�. D'un autre c�t�, l'interop�rabilit� demande 2 acteurs, et n'en avoir qu'un ouvert n'est g�n�ralement pas suffisant. C'est le r�le des RFCs, normes, standards, ...

La r�activit�

Face aux cycles de d�veloppement de plus en plus longs des �diteurs de logiciels, la r�activit� du milieu du logiciel libre int�ressera nombre de sites, soucieux d'obtenir rapidement une correction � un probl�me donn�. Ainsi, lors des r�centes d�couvertes de d�nis de services IP, les correctifs ont �t� disponibles dans tous les cas en moins de 3 jours. Et n'�tait fourni que le correctif fermant le trou de s�curit� constat�. Il n'y avait pas d'autres ajouts fonctionnels qui auraient pu cr�er de nouvelles instabilit�s.

La s�curit�

La meilleure s�curit� informatique possible est assur�e par une construction robuste, des algorithmes publics et �prouv�s, une circulation rapide de l'information sur les failles, ... Autrement dit par la transparence. L'obscurit� est dans ce domaine, n�faste, inutile voire dangereuse. Dans le monde du logiciel libre, la r�activit� �nonc�e au paragraphe pr�c�dent est garante d'une s�curit� acrue, ... sous r�serve d'appliquer les rustines correctives r�guli�rement.

Ind�pendamment de ses qualit�s, on peut avancer d'autres argumentaires de natures diverses, en faveur du logiciel libre, suivant le type d'interlocuteur rencontr�. Ces diff�rents argumentaires sont d�taill�s ci-apr�s.

2.2.2.1. Argumentaire Marketing

Des �tudes du cabinet IDC mettent en lumi�re l'irr�sistible mont�e de Linux comme syst�me d'exploitation serveur. En 1998, Linux est ainsi cr�dit� de 17% de part de march�, avec une progression de 212%, qui est la plus importante sur ce secteur. Les graphes suivant donnent l'ensemble des parts de march�.

Figure 2-1. R�partition des syst�mes d'exploitation serveur en 1998 (IDC).

Ceci s'est confirm� en 1999 avec une part de march� passant � 24% et une progression de 93%, toujours plus de quatre fois la progression de son suivant.

Figure 2-2. R�partition des syst�mes d'exploitation serveur en 1999 (IDC).

ZDnet rapporte que Dataquest estime pour sa part que les serveurs Linux repr�senteront, avec 1,1 million d'unit�s, 14% des serveurs vendus en 2003.

Le r�seau lui-m�me produit des outils marketing pour d�montrer la sup�riorit� des logiciels libres. Des indices sont mis � jour r�guli�rement par Netcraft and others, ainsi que d'autres sur les logiciels serveur Web, et un autre �tait fourni par l' IOS Counter pour les serveurs sur l'Internet. Les r�sultats, reproduits ci-dessous, montrent l'importance prise par Apache avec plus de 16 millions de sites op�rationnels (dont environ 30% sous Linux), �crasant la concurrence, de m�me que les syst�mes libres Linux et *BSD dominent le monde des serveurs de l'Internet.

Figure 2-3. Logiciels serveur Web selon Netcraft entre 1995 et 2001.

Figure 2-4. R�partition des serveurs Internet selon l'IOS Counter en Avril 1999.

Un argumentaire bas� sur des r�sultats chiffr�s les plus pr�cis possibles est �galement r�guli�rement mis � jour montrant les avantages � utiliser des logiciels libres, Cf: http://www.dwheeler.com/oss_fs_why.html.

2.2.2.2. Argumentaire Financier

Les arguments �conomiques plaident �galement en faveur des logiciels libres. Ainsi tout d'abord le co�t d'acquisition est modique. Modique car il n'est jamais nul. En effet, m�me si on peut se le procurer via l'Internet, encore faut-il comptabiliser les co�ts aff�rents � cette liaison. Quoiqu'il en soit, les co�ts sont fortement inf�rieurs � ceux des logiciels commerciaux. Ainsi, une distribution RedHat Linux 7.2 livr�e avec plus de 1400 paquetages logiciels co�te environ 300 FRF, alors qu'il faut compter plus de 4000 FRF pour obtenir un Windows 2000 serveur, livr� avec le seul IIS.

D'autre part, ne disposant pas de notion de licence par utilisateur ou par service suppl�mentaires, il n'y a pas non plus de surco�t lors de la mont�e en puissance de ces logiciels au sein de l'entit� o� ils sont utilis�s. Ce qui n'est �videmment pas le cas avec les logiciels commerciaux dont la logique �conomique est souvent bas�e sur le nombre de licences.

Les logiciels libres apportent de plus une parfaite ma�trise du Co�t Total de Possession, si fr�quemment �voqu� depuis les d�ploiements massifs de micro-ordinateurs. Ainsi les co�ts d'administration sont restreints puisque des syst�mes comme Linux ou FreeBSD, � l'instar d'Unix, s'administrent compl�tement � distance, soit en mode ligne de commande (avec telnet ou ssh) ou en mode graphique en utilisant X-Window. De plus, on b�n�ficie d'un mode multi-utilisateurs r�el facilitant ces op�rations d'administration. Dans ce domaine toujours, il est aussi possible d'effectuer de la t�l�-administration, soit par les capacit�s propres des mat�riels (comme les HP NetServers avec carte Remote Assistant), soit en effectuant une connexion � distance (via modem, bo�tier RNIS ou liaison sp�cialis�e) gr�ce aux protocoles natifs PPP et des syst�mes de s�curit� tels le tunneling ou ssh. Cette administration peut �tre elle-m�me confi�e en info-g�rance � un prestataire externe.

Enfin, les co�ts li�s au mat�riel, lui-m�me, peuvent �tre contr�l�s ; d'une part, si par hasard, les logiciels libres ne faisaient pas affaire, il est toujours possible d'acheter alors des solutions logicielles commerciales pour remplir les besoins non couverts, sur le m�me mat�riel. D'autre part, les solutions � base de logiciels libres, �tant par nature tr�s performantes, s'accommodent de plates-formes mat�rielles qui seraient jug�es obsol�tes selon les crit�res d'autres syst�mes d'exploitation ou d'applications. Le fait de s�parer l'interface graphique du reste du fonctionnement du syst�me est � ce titre d�terminant. Il est ainsi possible d'utiliser du "vieux" mat�riel, notamment pour maquetter. On pourra ensuite investir, en connaissance de cause, lors du passage en op�rationnel de la solution, si besoin est. La croissance en puissance peut, du reste, s'effectuer progressivement.

2.2.2.3. Argumentaire Technique

Cet argumentaire a d�j� �t� abondamment abord� dans les sections pr�c�dentes. Je pense n�anmoins que certaines notions peuvent donner lieu � des �clairages compl�mentaires.

Ainsi concernant l'aspect fiabilit� des solutions � base de logiciel libre, il est important de noter que cela signifie un temps de fonctionnement op�rationnel tr�s �lev� (propre aux syst�mes Unix d'une mani�re g�n�rale). Ceci se mesure par l'interm�diaire de la commande uptime. L'un des clients de Medasys et HP, l'H�pital Saint-Michel de Paris, dispose ainsi d'un Vectra VL5 fonctionnant comme routeur sous Linux depuis plus de 300 jours. Et ce n'est pas un cas isol�.

Le respect des standards et des normes, ainsi que l'extr�me portabilit� g�n�rale des logiciels libres assurent aussi pour les applications d�velopp�es sur ces plates-formes, les m�mes qualit�s. Et notamment, s'il s'av�rait que les performances ou les services apport�s par des architectures � base de logiciels libres soient insuffisants (cela peut �tre d� � des probl�mes d'architecture comme l bande passane du bus PCI, ou le nombre de processeurs disponibles), il serait facile de migrer vers des machines offrant plus de performances et de capacit�s d'�volution, tels que les syst�mes HP 9000, tournant sous HP-UX.

Enfin une orientation de d�veloppement ax�e vers les performances induit une modularit� telle qu'elle permet de retailler le noyau du syst�me au plus pr�s des capacit�s du mat�riel, ou l'utilisation de modules charg�s dynamiquement en m�moire selon les besoins. Une installation de paquetages peut aller de 40 Mo pour un syst�me minimal � plusieurs Go pour une distribution compl�te. La lin�arit� du syst�me permet �galement la prise en charge de machines multi-processeurs (test� jusqu'� 32 processeurs avec une machine Sparc). La modularit� du syst�me permet �galement d'obtenir un syst�me op�rationnel sur une seule disquette 1,44 Mo, soit pour r�aliser un environnement minimal de d�pannage, soit pour faire un routeur parfaitement op�rationnel. Le monde de l'embarqu� s'int�resse du reste de plus en plus aux capacit�s des syst�mes tels que Linux, puisqu'outre sa modularit�, la disponibilit� des sources rend plus ais�� la communication avec des p�riph�riques d�di�s (cartes d'acquisition, sondes, ...). Des grands comptes comme le CERN ou Thomson utilisent d�j� de tels syst�mes.

2.2.2.4. Argumentaire Solutions

Cet argumentaire est certainement le plus important de tous, car il ne sert � rien d'avoir du logiciel libre, si ce n'est pour faire quelque chose d'utile avec ou pour apporter des solutions aux demandes des entit�s amen�es � l'utiliser. Dans quels secteurs le logiciel libre peut-il donc apporter des solutions aujourd'hui ? Eh bien force est de constater que c'est dans la quasi-totalit� des secteurs de l'informatique d'entreprise.

Historiquement, les logiciels libres ont �t� utilis�s pour r�aliser des serveurs Internet/Intranet, puisque leur gen�se a �t� concomitante � celle du r�seau. On couvre ainsi tous les aspects li�s � l'Internet, depuis le serveur Web ( Apache ), FTP (Wu-Ftpd), DNS (Bind), celui de courrier �lectronique (Sendmail ou PostFix ), de forums Usenet (INN), de mandataire (IPmasqadm), de pare-feu (IPChains ou IPTables), de r�seau priv� virtuel (OpenSSH), de cache Web ( Squid ) ou encore de serveur de temps (NTP) ou de serveur d'annuaire(LDAP) , ou de serveur de contenu(Midgard) ... Tous ces logiciels sont fournis en standard dans une distribution Linux. Le client doit �tre dot� du logiciel correspondant � l'application utilis�e (lecteur de courrier �lectronique, lecteur de forum Usenet, navigateur Internet...) quel que soit son syst�me d'exploitation. Le choix du logiciel client est libre, vu que tous ces outils respectent les standards �dict�s dans les RFCs.

Le second domaine de pr�dilection du logiciel libre est le domaine des serveurs de fichiers et d'impression. Pour ces services, les clients peuvent �tre multiples : de type Unix (Utilisation de NFS et KNFS ou encore Coda et Inter-Mezzo, pour le service de fichiers et de lpd ou CUPS pour le service d'impression), de type Microsoft Windows (Utilisation de SaMBa , qui permet aussi l'utilisation d'imprimantes locales au client), de type Novell (Utilisation de Mars_nwe) ou de type MacIntosh (Utilisation de NetAtalk). Tous ces logiciels sont fournis en standard dans une distribution Linux et ne n�cessitent aucun ajout au niveau du client pour fonctionner.

Les autres domaines o� un syst�me comme Linux peut apporter des solutions sont ceux du calcul, avec des fonctions de multiprocesseur, en liaison avec l'assemblage de nombreux noeuds de calcul avec Mosix ou BeoWulf avec des interfaces r�seau rapide (100 Mbit/s, Gigabit ou Myrinet); ceux de la s�curit� des donn�es avec prise en charge des cartes HP NetRaidRem. permettant des niveaux de Raid 0, 1, 3, 5, 10, 50, et disque HotSpare, g�r�s par le mat�riel ; ceux du service de fax centralis�, avec un logiciel libre comme HylaFAX ou encore comme serveur de sauvegarde sur robot de DAT ou DLT HP SureStore � l'aide d'un logiciel libre tel que Amanda ou commercial tel que Arkeia ou enfin comme serveur de bases de donn�es avec des solutions libres comme PostgreSQL,MySQL ou commerciales comme Oracle, pour n'en citer que trois.

C�t� client, bien que cela soit moins mis en valeur pour le moment, les possibilit�s d'utiliser des solutions bas�es sur du logiciel libre ou commercial sont nombreuses. L� encore, la partie Internet se taille la part du lion, avec des outils comme des navigateurs Internet graphiques (Netscape, Mozilla ou Konqueror) ou textuel (lynx ou w3m), de nombreux lecteurs de courriers �lectroniques graphiques (Kmail, XFMail, ...) ou textuels (mutt, elm, ...). Mais il existe �galement toute une panoplie d'outils n�cessaires aujourd'hui � un poste de travail tels que des lecteurs de format PDF (Acrobat Reader ou xpdf), des outils de traitement d'images (ImageMagick, the Gimp, Outils RealPlayer ...), des outils de traitement de texte (LyX, LaTeX, SGMLTools, Wordperfect, ...), des suites bureautiques commerciales (ApplixWare, StarOffice), ou libres (Koffice, OpenOffice, ...), des outils de gestion du son (Xmms, eplaymidi, xmcd, ...), des outils de gravage de CDs (cdrecord, BurnIT, ... avec des compl�ments tels que mkisofs, cdparanoia, cdrdao), des �mulateurs divers libres et commerciaux (Wine, Executor, WABI, DOSEmu,Win4Lin, VmWare...), des compilateurs et interpr�teurs pour tous langages (C, C++, Pascal, Fortran, Basic, Tcl/Tk, Perl, Python, Ada, Eiffel, Lisp, Scheme, Prolog...), y compris des versions commerciales ( PGI, Intel...), des environnements graphiques (Gnome, KDE, Motif, OpenMotif, ...). L'�volution de ces derniers laisse � penser que les ann�es 2000 pourraient �tre celles o� Linux et les logiciels libres vont percer � leur tour, sur le poste client.

Je tiens � signaler que ce document a �t� r�alis� sur une machine HP Brio BAx, puis un Vectra VL400 ne disposant que d'une distribution Linux, � l'aide des outils DSSSL style sheet, OpenJade et DocBook, ViM qui ont permis � partir d'un seul source de g�n�rer les formats HTML, Txt, RTF, PostScript, et PDF.

2.2.2.5. Argumentaire Service

Ce point a longtemps constitu� un frein � l'essor des logiciels libres dans les entreprises. Il n'est aujourd'hui plus de mise. En effet, de nombreuses soci�t�s de services et des constructeurs, comme HP, ma�trisent aujourd'hui ces solutions et offrent du support autour d'elles, jusqu'au niveau ultime (mission critical), sur demande.

D'autres sources d'informations sont �galement disponibles, en abondance, au travers des nombreux sites Web consacr�s � ces solutions, aux listes de discussion sp�cialis�es, ainsi qu'aux divers forums de discussion Usenet, tels que, pour Linux, les groupes internationaux sous la hi�rarchie comp.os.linux.* ou les francophones sous la hi�rarchie fr.comp.os.linux.*.

C�t� comp�tences, de plus en plus de jeunes ing�nieurs ou d'universitaires sortent de leur cycle de formation en ayant �t� form�s � l'utilisation des logiciels et syst�mes libres. Ce vivier de comp�tences arrive en ce moment sur le march� du travail et contribuera � amplifier le mouvement de g�n�ralisation de ces outils. Enfin, nombre d'entreprises disposent en interne de comp�tences ignor�es. En effet, leur personnel installe souvent ces logiciels chez eux, et en ont une bonne ma�trise, utilisable lors du d�ploiement de ces logiciels dans leur structure professionnelle.

2.2.3. Id�es fausses sur le logiciel libre

Se faire l'avocat des logiciels libres consiste �galement � relever certaines id�es re�ues � leur sujet et � les combattre. Parmi celles-ci, les plus souvent �voqu�es sont :

"Il n'y a pas de support, ni de formation"

On a vu pr�c�demment que le support �tait en train de se structurer. Une soci�t� comme RedHat fournit aujourd'hui du support sur ses solutions. Rien qu'en France on peut citer des soci�t�s comme Medasys , Atrid, Alcove qui assurent un support autour des logiciels libres. De m�me, toujours pour la France, des formations aux logiciels libres peuvent �tre dispens�es par HP France, Learning Tree, l'IUT de V�lizy, sans compter les formations g�n�riques Unix et r�seau (que les m�mes organismes proposent �galement du reste) qui constituent une base essentielle dans un parcours de formation. Enfin, il ne faut pas n�gliger la capacit� de chacun � s'autoformer, gr�ce notamment � l'abondante documentation disponible (Voir le Chapitre 7).

"Il n'y a pas de documentation"

Il existe tout un ensemble de manuels, le Linux Documentation Project, constitu� de FAQ (Foire Aux Questions) et HOWTO (Guide Comment Faire), au total plus de 300 documents autour de Linux, dont l'essentiel traduit en fran�ais, et en japonais disponibles sous forme de documentation libre. Cette documentation est de qualit� diverse, et plus ou moins � jour suivant les sujets, certes, mais elle constitue un corpus permettant d'appr�hender seul une distribution Linux et l'ensemble de ses composants. � titre personnel, j'y ai toujours trouv� tout ce qu'il me fallait pour effectuer mon travail avec des logiciels libres. Et en cas de besoin compl�mentaire, une fois encore de nombreux sites Web et groupes de discussion apportent les quelques �l�ments suppl�mentaires. Sans compter les innombrables pages de manuel disponibles en ligne �galement. Chaque distribution vient �galement avec un ensemble complet de manuels couvrant toutes les t�ches pour les installer, g�rer et administrer.

D'autre part, les soci�t�s d'�ditions O'Reilly et SSC se sont sp�cialis�es dans la fourniture d'ouvrages autour des logiciels libres, r�dig�s en g�n�ral par les auteurs des logiciels en question. Leurs ouvrages sont consid�r�s comme faisant r�f�rence dans leurs domaines respectifs.

"Un produit gratuit ou presque est une sorte de jouet"

Il faut toujours faire la diff�rence entre libre et gratuit. De trop nombreux outils gratuits en environnement Microsoft sont effectivement des jouets et de pi�tre qualit�. Ce n'est en rien le cas des logiciels libres, comme d�montr� dans les sections pr�c�dentes. Rappelons qu'ils sont au contraire fiables par construction.

"Linux est difficile � installer"

Linux est un syst�me d'exploitation professionnel. � ce titre, il demande de la comp�tence pour son installation, de m�me qu'un autre syst�me professionnel, comme les autres Unix ou Windows NT par exemple. Mais il n'est pas plus difficile � installer que ceux-ci non plus, notamment avec des distributions telles que RedHat, Mandrake, ... Il faut compter environ 30 minutes pour r�aliser une installation compl�te de ces derni�res, soit semblablement la m�me chose que pour HP-UX et sensiblement moins que pour Windows NT Serveur.

En revanche, tout comme avant d'installer un serveur sous Windows NT il faut v�rifier sa compatibilit� avec la Hardware Compatibility List de Microsoft, pour Linux, il est fortement conseill� de v�rifier le Guide des mat�riels (Hardware HOWTO), et pour les machines HP de se reporter � Section 3.2.

"Les logiciels libres ne sont pas adapt�s pour des t�ches lourdes"

Ceci est de moins en moins vrai, et cette critique a �t� rendue caduque avec les derni�res versions de noyaux Linux qui pr�voient un syst�me de fichiers journalis�, autorisant un v�ritable Cluster d'applications. Mais d'ores et d�j� Linux autorise l'utilisation de multi-processeurs, de nombreux noeuds pour r�aliser des clusters de calcul. Il ne faut pas oublier qu'il est utilis� par le portail Voila (France Telecom) ou le moteur Google entre autres prestigieuses r�f�rences. De m�me, FreeBSD est utilis� avec succ�s comme syst�me sur le plus gros serveur ftp au monde : Walnut Creek CDROM server Des projets utiles dans ce domaine de haute disponibilit� � consulter sont http://www.linux-vs.org, http://www.opengfs.org et http://www.linux-ha.org

"Quel recours ai-je en cas de probl�me vis-�-vis des �diteurs ?"

Il n'y a pas de recours, car les licences des logiciels d�gagent les auteurs de toute responsabilit�, en cas de probl�me. N�anmoins, dans les faits les d�veloppeurs sont toujours pr�ts � aider en cas de soucis et tentent de corriger le plus vite possible les anomalies rencontr�es (lors du bug F00F du Pentium, un patch pour Linux a �t� publi� dans les 3 jours par exemple). D'un autre c�t�, les �diteurs commerciaux garantissent tr�s mal les utilisateurs contre des probl�mes autres qu'une erreur de paquetage. Reportez-vous aux notices fournies avec vos logiciels pour en juger.

2.2.4. Les vrais probl�mes autour du logiciel libre

Il ne serait pas honn�te de nier un certain nombre de probl�mes r�siduels li�s aux logiciels libres. Certains sont en voie de r�solution, d'autres sont inh�rents au syst�me, d'autres enfin mettront du temps � dispara�tre.

Le premier probl�me, inh�rent au mod�le du logiciel libre, est la multiplicit� des outils et des distributions disponibles. Ainsi, si vous voulez mettre en oeuvre un serveur de courrier �lectronique, il faudra choisir entre Sendmail, Exim, PostFix, Qmail, Smail. De m�me que pour installer Linux vous avez la possibilit� d'utiliser une distribution RedHat , SuSE, Slackware, Mandrake, Turbo Linux, Debian. Ceci est souvent un probl�me pour le n�ophyte, mais l'utilisateur confirm� pr�f�rera toujours disposer d'un large choix qu'il confrontera � ses exigences et � son exp�rience. Tant qu'un acteur respecte les r�gles du jeu en lib�rant son code (cas des formats rpm et deb par exemple), il n'y a pas de risque du point de vue de la communaut�. Le point cl� est que le choix s'effectue uniquement en fonction de crit�res techniques.

Le second probl�me, inh�rent lui aussi � la gen�se des logiciels libres, est la n�cessit� d'avoir des comp�tences Unix et Internet fortes, pour administrer de telles solutions. La puissance disponible par ces syst�mes est proportionnelle � la comp�tence de leurs administrateurs. Et cela restera vrai malgr� l'�mergence de solutions de plus en plus graphiques de gestion des syst�mes. D'un autre c�t�, l'investissement en temps pass� � apprendre leur fonctionnement se cumule et ne s'annule pas, car vous ne devez pas tout r�apprendre pour passer d'une version � l'autre (j'utilise le m�me �diteur, vi, depuis ces 15 derni�res ann�es). N'oubliez pas que les syst�mes que vous manoeuvrez couramment vous semblent simples, uniquement parce que vous avez pass� le temps n�cessaire � les apprendre. Quant aux comp�tences Internet, c'est une lapalissade de dire que cet investissement n'est pas perdu. Enfin, malgr� le travail des traducteurs pour fournir des informations en fran�ais, une bonne connaissance de l'anglais technique est un plus ind�niable.

Le dernier probl�me rencontr� dans la mise en oeuvre de solutions autour de logiciels libres est d'arriver � convaincre une partie des d�cideurs de d�roger au mode de pens�e dominant. Le but de cette partie est justement de donner tout un faisceau d'arguments pour y parvenir, mais il faut � chaque fois faire preuve de conviction pour arriver � ses fins. Au fur et � mesure de l'adoption de ces solutions par de grands groupes notamment, les r�sistances deviendront moindres.

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